"QUAND ON ÉCRIT, FAUT-IL TOUT ÉCRIRE ?" DIDEROT ET LA CENSURE
Caroline Jacot-Grapa
s contextes fort différents peuvent faire apprécier l'ambivalence de
Diderot à l'égard de la censure, qui touche peut-être à l'ambivalence ou au
paradoxe de la censure elle-même. L'un est celui de la confession, portée
par "un projet de sincérité", tel qu'il l'entrevoit dans une de ses lettres à Sophie
Volland. Si sa correspondance avec elle peut passer pour "une histoire assez fidèle
de la vie" (je souligne ces marques d'atténuation), il l'admet aussitôt, "il faudrait
bien du courage pour ne rien celer". Difficulté, donc, de "tout dire", quand,
supposition extrême, l'examen de soi-même oblige à la révélation de désirs
interdits1, de "pensées impubliables"