ALEXANDRIE, À L'ÉPOQUE OÙ LE MOT ÉTRANGER N'EXISTAIT PAS
par Nadia Khouri-Dagher
Mazarita, Chatby, Campo Cesare, Ibrahimieh, Cléopatra, Sporting Club, Sidi
Gaber, Mustapha Basha, Carlton, Buckeley, Rouchdy, Glymenopoulos, Zizinia,
Fleming, Bacos, Seffer, Schutz, Gianaclis,... Par cette seule énumération des
stations du tramway d'Alexandrie, Ilios Yannakakis, qui a dirigé avec Robert Ilbert
cet ouvrage sur "Alexandrie 1860-1960", a su résumer ce qui fut l'essence d'une
Alexandrie à cheval entre deux siècles, à cheval entre mille mondes: son
cosmopolitisme, son ouverture, son brassage de cultures et de langues.
Européenne et orientale, occidentale et méditerranéenne, industrielle et antique,
mondaine et populaire, religieuse et libertine, communautaire et individualiste,
raffinée et vénale, affairiste et cultivée, élitiste et égalitaire, moderne et
traditionaliste, ordonnée et libérale, plurielle mais unique: paradoxale et contrastée,
terriblement vivante et attachante, telle fut la ville qui suscite encore aujourd'hui,
parmi ceux qui y ont vécu, et parfois même parmi ceux qui ne peuvent en avoir
aucun souvenir, ce sentiment à la fois doux et douloureux