DES CINÉ-CLUBS AUX JOURNÉES CINÉMATOGRAPHIQUES DE CARTHAGE
Les ciné-clubs ont initié plusieurs générations de jeunes Tunisiens aux débats et à l'analyse socio-politique
dans un espace public sévèrement contrôlé. Né dans le sillage direct du second conflit mondial, le réseau des cinéclubs
devient dans les années 1950-1960 l'un des plus importants - si ce n'est le principal - mouvements associatifs
tunisiens. Tahar Cheriaa a joué un rôle fondateur dans cet essor. Au niveau associatif comme institutionnel, son
nom reste attaché au développement d'une certaine culture cinématographique dans la Tunisie indépendante. Né
en 1927, dans un petit village du Sahel, il bénéficie du système méritocratique des bourses qui lui permet de suivre
l'enseignement du collège Sadiki entre 1941 et 1948. Il exerce alors comme instituteur (1948-1950) puis comme
professeur de langue arabe à Sfax (1950-1962). C'est à cette époque que se noue son engagement dans le
mouvement des ciné-clubs : il crée le Ciné-club des Jeunes à Sfax, fonde et dirige la revue Nawadi-Cinéma (1959-
1970), prend la tête de la Fédération tunisienne des ciné-clubs en 1960. Cette activité le conduit naturellement à la
direction du cinéma dans le tout jeune secrétariat d'État aux Affaires culturelles et à l'Information, poste qu'il
occupe entre 1962 et 1970. Il est, par la suite, détaché à l'Agence de coopération culturelle et technique à Paris
(1971-1987). Au-delà du rôle fondamental de la cinéphilie, il convient également de retenir la place essentielle de
la formation sadikienne et du scoutisme dans ce parcours militant. À travers les ciné-clubs comme les ciné-bus,
l'ambition de celui qui se définit encore, et avant toute chose, comme un enseignant fut bien de former le nouveau
citoyen tunisien dans les premières décennies de l'indépendanc