ISBN : 9782296554641

DU BON USAGE DU VÊTEMENT BARIOLÉ EN GRÈCE ANCIENNE1


Le terme "bariolé" évoque immédiatement, dans l'imaginaire moderne, le costume d'Arlequin ou celui du clown, c'est-à-dire le vêtement d'un personnage à ne pas prendre au sérieux. Dans l'Occident médiéval, c'est la livrée du fou. Entaché d'une coloration négative, le bariolé n'est pourtant que l'une des facettes du "multicolore", du "chatoyant", du "diapré", du "chamarré". Par la variété et le contraste de ses couleurs, il dénote, dans la sensibilité occidentale moderne, la dysharmonie et le mauvais goût2. Les normes vestimentaires actuelles privilégient en effet l'uni, le noir et les tons pastel, les camaïeux discrets. L'héritage est ancien et participe sans doute de cette "chromophobie" étudiée par David Batchelor3. Au Moyen Âge déjà, la rayure vestimentaire, qui relève bien, selon Michel Pastoureau, de la bigarrure4, discrédite celui qui l'arbore ; à partir des XIIe-XIIIe siècles, elle...