ENTRETIEN AVEC VIRGINIE DESPENTES
Propos recueillis par Jean-Max Méjean
Vous avez été en bute à la critique pour votre film Baise-moi qui a
failli être interdit et fut défendu par le Syndicat français de la critique
de cinéma. Mais pensez-vous que le critique fasse toujours son
travail, à-savoir défendre la liberté du créateur?
Je dirais que sur l'ensemble de la profession journalistique, j'ai
trouvé les critiques de cinéma légèrement moins débiles profonds que
leurs confrères, sur l'affaire Baise-moi. Tout le monde s'est exprimé
sur l'interdiction de notre film. Franchement, dans l'ensemble, c'était
une catastrophe: finalement la censure avait des vertus, il ne fallait
pas laisser filmer "n'importe quoi" par "n'importe qui" et tomber
d'accord avec les intégristes catholiques ne posait aucun problème de
fond. Bref, dans le bordel ambiant, les critiques de cinéma ont été les
seuls journalistes à faire prévaloir des problèmes éthiques, à avoir une
réflexion sur la censure, et