INSPIRATION ET INCARNATION TEXTUELLE (L'APPORT LINGUISTIQUE DU CHRISTIANISME)

Frédéric Miquel



Les réflexions qui suivent visent à réconcilier linguistique et théologie. Les
textes religieux communiquent tous une expérience ou une connaissance spirituelle.
Très souvent, le locuteur humain cherche à parler de Dieu. Il est fréquent
d'analyser les éléments littéraires et linguistiques de ce discours sur la divinité.
Fréquent aussi de dresser un constat d'échec: les signes de toute langue souffrent
d'une impuissance, d'une limite naturelle qui les empêche d'exprimer une réalité
métaphysique. Cette conception, déjà présente dans le tétragramme sacré imprononçable
et indéchiffrable (Exode 3, 14), est développée par des spirituels (style
des mystiques rhéno-flamands, exclamation célèbre de Grégoire de Nazianze:
"Seul, tu es indicible [...] toi le seul qu'on ne peut nommer") et par des philosophes
tels que Wittgenstein et Paul Ricoeur qui parle de