ISBN : 9782296550155

L'INVENTION DU CONTINUUM AFFECTIF



Il faut entendre la parole du cinéaste, lorsqu'il s'intéresse de très près à
ces images préexistantes que l'on dit "d'archives" 1. Car c'est un créateur
qui prétend se resservir d'un matériau déjà classé comme document, c'est-àdire,
n'étant plus censé nourrir que la démarche historique, la connaissance
scientifique d'un état de représentation d'une période donnée. Ce que,
d'ailleurs, on ne peut a priori exclure totalement de l'intention du cinéaste.
Mais, pour celui dont le métier reste avant tout de fabriquer des images
- je parle ici des cinéastes filmeurs - s'adonner à la mise en oeuvre d'images
préexistantes, et donc préalablement filmées par d'autres, suppose, comme
par ailleurs, l'engagement d'un regard, d'une perspective, c'est-à-dire d'un
point de vue.
Qu'il soit manichéen, dans le cadre d'une approche convenue telle que
François Niney en fait à Frédéric Rossif le reproche - à propos du film De
Nuremberg à Nuremberg -, ou qu'il s'agisse d'un projet rehaussé d'une
intention poétique, et plus particulièrement dédié au partage d'une lecture
sensible et affective de l'histoire, l'histoire ne peut qu'y gagner en