LA MAIN DU TÉMOIN, À L'OMBRE DU GESTE

Martin Goutte



Art d'un siècle marqué par des formes extrêmes de
déshumanisation, le cinéma n'a que très marginalement cédé à
la tentationd'exclure l'humainduchampdeses représentations.
Le cinéma documentaire en est un bon exemple, qui a fait du
témoin un instrument incontournable de sa participation active
à la construction d'une mémoire des génocides. À l'image,
cette figure moderne de la parole s'incarne avant tout dans le
visage humain, "dernier refuge visible, après Hiroshima, après
Auschwitz, d'une croyance en l'homme1". Dans ce visage
coexistent en effet les yeux de celui qui a vu, la bouche de
celui qui raconte et le siège d'une identité