LE RALENTI COMME INSTRUMENT DE CONNAISSANCE : FILMER LES CHANTS GITANS

Caterina Pasquali



Le chant des Gitans d'Andalousie est réputé pour sa sonorité singulière.
J'ai déjà montré comment, dans les mariages, les baptêmes et d'autres fêtes à
caractère plus informel, les performances vocales recourant à une technique
de "souffle rentré" et à une "voix salie" (son rauque) sont le ferment d'un
lien social qui fonde la communauté1. J'ai tenté, par la suite, d'établir le chant
comme une performance qui implique des dimensions sociales et politiques2.
Lors de la Semaine Sainte, la technique d'interprétation paya (non gitane)
consiste à rechercher la puissance en expulsant la voix par un souffle droit.
Elle vise à provoquer une réaction de la foule dont les exclamations (accompagnées
de "olé" et d'applaudissements) sont nombreuses et prévisibles : ces
dernières se déclenchent le long de la procession en des lieux précis du quartier,
lors de sollicitations du char de procession et consécutivem