LE TANGO: MEDIATEUR D'UNE RELATION INCERTAINE.
Pierre A. Vidal-Naquet
Sur la scène. Un homme. Seul. Un mauvais garçon probablement,
du moins si l'on en croit les apparences: costume sombre, veste
croisée, chaussures vernies, étincelantes. Un chapeau, légèrement
incliné, qui dissimule à peine un regard ténébreux. Les mains dans
les poches. Une démarche nonchalante. Soudain, l'homme esquisse
un pas de tango. Mouvement impulsif du corps qui tranche avec
l'indolence initiale. En un instant, l'homme semble vouloir
exprimer l'essentiel de son être: sa virilité. L'amorce de son pas est
très rapide, fulgurante même. Mais ce n'est pas tant la virulence de
son geste qui résume son identité. Celle-ci