PAROLE POETIQUE AFRICAINE ET SCIENCES DU LANGAGE : UNE LECTURE DE KAÏDARA

Tié Emmanuel Toh Bi*



Introduction
"Bien placer, bien choisir des mots, font un beau poème". Ce propos de
Raymond Queneau, critique français du XXe siècle, en dit long sur la nature,
voire, l'essence de la poésie. Il s'agit, de façon laconique, d'une émotion que
distille l'esthétique langagière issue, selon Roman Jackobson, de la projection
de l'axe paradigmatique sur l'axe syntagmatique.
La poésie négro-africaine, à tout le moins, dans sa facette moderne ou
écrite, est fille de celle occidentale, évidemment peut-être. L'école, antre
privilégié de cette poésie, est, de toute évidence, d'atavisme colonial.
Explicitement, écrire la poésie en Afrique est pour l'essentiel un legs de
l'Occident. Si Césaire est l'archétype des poètes négro-africains qui ont
brillamment vécu ce système d'écriture, il en sera autrement des poètes dits
de la seconde génération et, notamment, des oralistes qui tenteront d'assouvir
leur vision traditionaliste dans la poésie, certainement perçue par eux comme
l'espace littéraire idoine à l'effusion lyrique de l'exaltation de l'âme africaine.
En termes de parole poétique africaine, notre regard s'est porté sur Kaïdara.
Tantôt qualifiée de conte, de mythe ou de poème, et tantôt qualifiée des trois
genres à la fois, cette oeuvre doit, certainement,