
ISBN : 9782296549364
POÉTIQUE DE L'ÉMANCIPATION ET PAROLE EN ARCHIPEL
Pour Aimé Césaire, dans ce poème extrait de Comme un malentendu de
salut de 1994, "créer des îles" semblerait comme aléatoire et procéder d'une
alchimie qui ferait éclore une parole poétique née des fruits du volcan, ces
"bonnes oranges toujours accessibles à la sincérité des soifs longues" (ibid.,
39) pour qui connaît et mesure, peut-être, la "patience des signes" (comme
nous incite à le penser ce titre du poème où 0gure ce second extrait, lui, de
Ferrements), à l'aune de ces "soifs longues" qui attendent que les mots dont
il serait le réceptacle ou l'oasis, laissent au poète caribéen "interroger leur
double"... "Faut savoir interroger leur double [...] je ne récuse pas / j'accueille
les mots" (ibid., 169), précise le poète. Les mots existeraient-ils ainsi dans
cette dualité à même de féconder une création d'îles au centre des propres
paradoxes et oxymores de leur nature, les suaves et doux "vergers d'oran-
gers" qui poussent au coeur des cratères du volcan, formés dans la violence
de ses explosions... comme les mots saignés dont le poète recueille le "sang
du son", ces "mots-mémoire" issus des maux de l'Histoire ? "[J]e sais leur
mémoire, ce qu'ils ont à me rendre : / to