ISBN : 9782296137318

PRAT IQUES CINÉMATOGRAPHIQUES ORALES ET PROJECT IONS COLONIALES

Vincent Bouchard, University of Louisiana at Lafay


Au début des années trente, les principaux empires coloniaux en Afrique
mettent en place des projections cinématographiques pour éduquer les
populations locales. Les Britanniques sont les premiers colonisateurs à
exploiter le medium cinématographique pour renforcer l'intérêt des
populations locales pour l'Empire afin de consolider leurs colonies en vue
de la guerre contre l'Allemagne nazie. Par la suite, cet exemple sert de
modèle pour d'autres projections coloniales, comme au Congo belge.
Après la Deuxième Guerre Mondiale, les pères Blanc organisent un
système de production et de projection cinématographique destiné aux
populations locales. Afin de pallier aux problèmes de traduction, un
commentateur traduit en direct les films. Les autorités françaises en
Algérie font de même à la fin des années cinquante. En fait, le
commentaire oral du film dans certaines régions de l'Afrique correspond
également à la reconfiguration de pratiques sociales anciennes, comme la
présence du Griot. Suivant ces hypothèses, la réception commentée de
films correspond à la fois à l'appropriation d'un appareil occidental
(Déotte, 2004) et à la remédiation de structures sociales traditionnelles
(Despoix, 2005). Afin de présenter ces enjeux de manière concrète, deux
phénomènes - quasiment contemporains et ayant lieu dans des espaces
culturels comparables -, sont comparés : soit les pratiques
cinématographiques coloniales britanniques en Gambie et des projections
populaires à Dakar (Sénégal).