SE MÉFIER DE L'ORIGINAL? LES CAS DE BOLLYWOOD ET KANOWOOD
Anne-Sophie PerrlAux
En matière de cinéma populaire, Hollywood fait figure
d'accusé. Vecteur de propagande, la "machine hollywoodienne"
est aussi perçue comme responsable de 1'"homogénéisation
culturelle" qui frapperait la planète. Certes, sa capacité à occuper
les écrans et imposer ses standards est considérable, mais une
vision par trop occidentale tend volontiers à la surestimer.
L'Inde et le Nigeria sont, en effet, aujourd'hui, avec les États-
Unis, les plus puissants pourvoyeurs de films au monde, en nombre
de productions et en chiffres d'affaires annuels. Bombay et Kano,
deux des lieux où se concentre le type le plus florissant de leurs
productions, se réfèrent, au moins par leurs surnoms, Bollywood et
Kanowood, à ce secteur spécifique de la création américaine qu'est
Hollywood. L'invite est donc forte d'aller voir si les canons
hollywoodiens sont passibles d'une salutaire parodie 1.
Selon un présupposé tenace en France, seul le "film d'auteur"
serait habilité à miner Hollywood